4 chefs-d'œuvre de la sculptrice Camille Claudel à voir à Draguignan 
Déjà détenteur d’une œuvre de Camille Claudel, le musée des Beaux-Arts de Draguignan accueille trois autres créations de l’artiste reconnue comme l’une des plus grandes sculptrices du XIXe et XXe siècles.
Fabrice Michelier  Publié le 14/02/2025 à 13:00, mis à jour le 14/02/2025 à 13:00

Un mouvement. Deux corps qui s’effleurent. Jusqu’au 1er avril, le musée des Beaux-Arts de Draguignan accueille trois œuvres de Camille Claudel (1864-1943), prêtées par le musée Camille Claudel de Nogent-sur-Seine, dont "La Valse", un chef-d’œuvre de la sculptrice française connue pour avoir été la collaboratrice mais aussi l’amante de Rodin.

"C’est une œuvre très sensuelle", résume Marine Roux, adjointe au conservateur et chargée des collections. "À la fin du XIXe siècle, Camille Claudel propose à l’État ‘‘Les Valseurs’’, où elle représente deux danseurs nus. L’État refuse, jugeant cela trop indécent. Elle ne se laisse pas faire, retravaille l’œuvre, recouvre le corps de la femme, réduit ses dimensions (44cm de haut) et bascule le couple pour donner plus de dynamisme. Elle renomme aussi sa sculpture ‘‘La Valse’’." Mais malgré ces modifications, l’État persiste à voir dans cette œuvre une vision indécente et refuse de la commander.
"La Valse", un jeu d’équilibre
Camille Claudel décide alors de s’adresser aux collectionneurs privés, et c’est un grand succès. Face à cette sculpture, il faut tourner autour pour en saisir toute la mesure et contempler le travail de l’artiste."Il y a presque un point de rupture dans l’équilibre. On a l’impression qu’ils vont tomber, que l’on est juste avant que cela ne se produise", détaille l’adjointe au conservateur avant d’entrer dans l’analyse de la composition.
"En général, en sculpture, on cherche un point central, soit en procédant par symétrie, soit en mettant l’accent sur un élément principal. Claudel, comme Rodin, décale ce point central. Ici, ce sont les deux mains qui s’effleurent: c’est vraiment très poétique."
"Rêve au coin" du feu se décline


Photo Florian Escoffier. 

Le musée des Beaux-Arts de Draguignan possédait déjà une œuvre de la sculptrice, décédée dans le Vaucluse en 1943: "Rêve au coin du feu", commandée en 1903 par le baron de Rothschild, qui en a ensuite fait don au musée. Une œuvre singulière. Si elle a été reproduite à 65 exemplaires dans différents matériaux, seuls deux ont été conçus en marbre, dont celui de Draguignan. 
Pour accompagner ce bijou permanent, Marine Roux a sollicité le prêt d’une autre version mêlant bronze et marbre, ainsi qu’une déclinaison de cette série avec "Profonde pensée". "On retrouve une femme devant sa cheminée, mais cette fois de dos. Il y a de la transparence avec un drapé mouillé. C’est plus charnel, alors que dans l’autre version, on a une représentation plus symbolique de la mélancolie", explique Marine Roux. 
Selon elle, ces œuvres correspondent à une période à part dans la vie de Camille Claudel. "À cette époque, elle a tendance à miniaturiser ses sujets. Elle rompt aussi avec son passé en se concentrant sur des scènes du quotidien, délaissant la mythologie et les réalisations de grande ampleur."
Il émane également de ces œuvres une forme de mélancolie. "Même si cela ne correspond pas à la période la plus heureuse de sa vie, ce n’est pour autant pas autobiographique", nuance la responsable des collections du musée de Draguignan. 
Ces quatre œuvres, présentées ici, permettent ainsi de "(Re) voir Camille Claudel", comme l’indique l’affiche du musée. 

> "(Re) voir Camille Claudel". Jusqu’au 1er avril au musée des Beaux-arts de Draguignan. Ouvert tous les jours sauf le mardi. De 10h à 18h. Tarif de 4 à 6 euros, gratuit pour les m
oins de 26 ans.